Principes généraux

1. On appelle intervalle, l'espace qui sépare deux tirailleurs dans la même ligne; et distance, l'espace qui se trouve entre la première et la seconde ligne. Dans cette instruction, l’intervalle de 10 pas qui est donné pourra être changé par l’officier commandant les tirailleurs.

2. La chaîne de tirailleurs devrait couvrir le front du bataillon, d’où dépendent les intervalles entre les couples de tirailleurs, et elle devrait avoir une réserve formée en ordre serrée, pour lui servir de point de ralliement, et pour y prendre des soldats pour remplacer des tirailleurs mis hors d’action (le plus souvent par les ratés de fusil). La distance entre la chaîne de tirailleurs et le bataillon étant, à l’époque, d’habitude environ de 200 pas, elle sera définie par le chef de bataillon ou par l’officier général et elle sera, pour plusieurs raisons, le plus souvent moins importante en reconstitution.


3. Le principe général pour sa formation et pour tous ses mouvements c’est la conservation des intervalles vers le guide de la chaîne. Les cadres doivent toujours y veiller, faire serrer les files si elles sont trop ouvertes, ou, dans le cas contraire, les faire ouvrir. En chaîne, les officiers s’assureront que les files soient toutes à peu près à la même hauteur, que les uns ne soient pas trop en avant, les autres trop en arrière; qu’ils restent toujours, tant que faire se pourra, vis-à-vis les créneaux dont ils font partie, pour les regagner plus facilement (Duhesme).
Allez voir ça  !

4. Ils seront réunis deux à deux, et ces deux compagnons, qui devraient être toujours deux amis, ne
 doivent pas se quitter, afin de se secourir mutuellement quand ils seront pressés; l’un devra toujours conserver son feu, et ne lâcher son coup de fusil que quand l’autre aura rechargé.

5. Quelque sera le procédé de la formation de la chaîne de tirailleurs, la réserve suivra toujours les mouvements de la chaîne.

6. Le chef de peloton de tirailleurs suivra toujours les mouvements du bataillon et s’y conformera immédiatement, de manière à le suivre constamment. . Dans le cas où le terrain l’empêcherai de l’apercevoir, il placera des sous-officiers ou soldats, de manière à le tenir averti de tous ses mouvements. Le pas des tirailleurs se règle sur celui de la colonne ou de la ligne.

7. Jamais les tirailleurs ne peuvent gêner les mouvements des troupes formées en ordre serré, la distance entre la chaîne de tirailleurs et le bataillon doit être maintenue, ainsi que la direction.

8. Les mouvements des tirailleurs s’exécuteront au pas accéléré. Dans les circonstances qui demanderont une grande promptitude, on emploiera le pas de charge[1] et même le pas de course. On réservera ce pas pour le cas d’absolue nécessité, afin de na pas fatiguer inutilement les soldats et de ménager leurs forces pour les circonstant où le succès dépend en grande partie de la célérité.

9. Dans tous les mouvements, les tirailleurs porteront l’arme de la manière qui leur sera le plus commode.

Il fait peur c'ui là. On dirait Jean-Michel...
10. Les mouvements de tirailleurs s’exécuteront autant que possible à la voix de l’officier qui les commande ; mais lorsque la ligne sera trop étendue, il suppléera aux commandements par des sonneries ou des batteries qui seront indiqués ci-après. Le sifflet était également utilisé par les officiers[2].

11. À mesure que les lignes s’abordent, les tirailleurs démasqueront le front des colonnes serrées de la première ligne et se resserreront vis-à-vis les créneaux, où ils entreront ensuite en se mettant en ligne sur un rang avec leur réserve, qui, étant sur deux rangs, commencera un feu de file bien soutenu, mais dans lequel on recommandera au soldat de tirer plutôt avec justesse qu’avec célérité; il est bien entendu que les tirailleurs ne devront jamais cesser le feu, mais au contraire le redoubler. Tel est l’ordre dans lequel on devrait aborder une ligne qui décidément resterait impassible et attendrait à la baïonnette. Il réunit l’avantage d’un front étendu de feu et celui de l’impulsion et de la profondeur des colonnes (Duhesme). Le Couturier : « Quand le général voudra démasquer son front ou ses batteries pour commencer les feux de ligne, il enverra l’ordre aux tirailleurs de se rallier sur les flancs de ses colonnes et de chercher ensuite à déborder l’ennemi. Si on suppose au contraire que l’ennemi vienne à notre rencontre, et refoule la ligne de nos tirailleurs, que doivent-ils faire ? Reculer en combattant, appuyer à droite ou à gauche pour éviter le danger de se trouver sous le feu de la ligne, se rallier derrière elle, ou défendre ses flancs. »

12. Le ralliement se fait soit pour se défendre contre la cavalerie, soit pour reprendre la place dans le bataillon.

13. Le service des tirailleurs sera fait habituellement par les voltigeurs, mais comme les circonstances exigent souvent qu’on y emploie les autres compagnies, toutes y seront habituellement exercées.

Je n'ai pu résister à ce dessin... Pardon à Marc et au 95th Rifles...






[1] Pas accéléré : 100 pas à la minute. Pas de charge : 120 pas à la minute. Pas de course : 200 à 250 pas à la minute (Guibert). Et le pas ordinaire, 76 à la minutes…
[2] Duhesme; Instruction pour les chasseurs carabiniers du canton de Vaud

7 commentaires:

  1. Vedettes de cavalerie contre VOLTIGEURS
    ....
    Le soldat d'infanterie exercé aux armes blanches et dressé au jeu de la baïonnette, comme le sont les nôtres, ne s'effarouchera aucunement d'un combat individuel contre le cavalier, auquel le cheval n'ajoute guère que la facilité d'accepter ou d'éluder le combat, selon que l'adversaire est plus ou moins aguerri, et se montre plus timide ou plus courageux... A la célèbre retraite de Gutlsadl, plusieurs tirailleurs, à la sortie d'un bouquet de bois , furent chargés par des cavaliers russes en fourrageurs : quelques-uns se rendirent , mais ceux qui se défendirent isolément ne purent être pris. Un soldat du 6e léger , à l'aide de sa baïonnette, se défit a lui seul de 3 cavaliers, et rejoignit ensuite sa compagnie en vue de tout le 6e corps...
    Un fantassin isolé, l'arme chargée, se voyant attaqué par deux cavaliers, ajustera alternativement celui des deux qui le menacerait de plus près; ayant soin de se rapprocher de quelqu'un des siens, ou de gagner quelque lieu favorable, d'où il pourrait tirer et recharger sans risque d'être sabré. Généralement, il ne tirera qu'à la dernière extrémité, et lorsqu'il sera certain de blesser ou de tuer un de ses deux ennemis....
    Le cavalier attaquera le tirailleur isolé dont il suspecte la valeur.
    Mais deux tirailleurs rapprochés doivent hardiment contenir au moins trois ou quatre cavaliers. Les deux tirailleurs d'infanterie s'uniront comme un soldat double pour les attendre et les combattre (i), soit en place, soit en marche, se renforçant des moindres accidents du terrain; ils ajusteront les plus hardis, et ne tireront que successivement et à coup sûr. Si un coup heureux abat le plus téméraire de ces cavaliers, le danger cesse; les autres se montreront désormais plus circonspects.
    Lorsque les tirailleurs menacés sont au nombre de trois, quatre, huit, neuf, douze ou seize, ils peuvent attendre et combattre résolument les cavaliers qu'ils ont en vue, sans trop s'inquiéter de leur quantité. Car, dans ces groupes redoutables, que ces tirailleurs forment si rapidement, la défense s'accroît en raison combinée du courage, de l'adresse et des efforts de chacun. Au moral , ainsi que physiquement, ils se servent d'arcs-boutants, et tous prêtent à chacun une multiple sécurité. Une compagnie de tirailleurs une fois agglomérée encercle demi-plein, et faisant face partout, n'a plus rien à redouter de la cavalerie, en quelque nombre qu'elle soit.

    In ... http://books.google.de/books?id=CLk8AAAAYAAJ&pg=PA71&dq=ici#v=onepage&q=ici&f=false

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    1. Davout : Quand on place des tirailleurs sur les flancs en tête ou en queue d'une colonne marchant dans une plaine découverte, on a pour motif non seulement d'être averti des mouvements de l'ennemi; mais encore de tenir les tirailleurs d'infanterie et de cavalerie assez éloignés pour que leurs bases n'arrivent pas à la colonne (NOTA : on maintien le plus possible sa ligne de bataille et on ne rallie qu'a bon escient ou à la sonnerie

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    2. Général le Couturier : Mais un capitaine, quelque vigilant qu'il soit, n'a pas toujours le temps de rallier son monde. Dans ce cas, les lieutenants et les sous-officiers doivent les réunir par petits groupes, et les abriter derrière des buissons, des fossés, et profiter de toutes les ressources que le terrain leur offre pour résister au choc de la cavalerie, jusqu'à ce qu'on vienne à leur secours. Quelques-uns seront pris ou sabrés, c'est le sort réservé aux défenseurs de la patrie.

      Trop de prudence devient timidité. Nous estimons que dans le service des tirailleurs il faut tenter un peu la fortune qui favorise ordinairement l'audace

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    3. On parle ici de vedettes ou de petites forces de cavalerie... En cas de force majeure (au sens propre), on se rallie comme il se doit... et comme on peut. Sur la réserve principales en arrière à droite et à gauche... Sur les petites réserves et si cela craint trop par demi section sur son centre. Dans les moments calmes, on gagnent sur la réserve principale et on pelotonne ou bien on forme la colonne serrée par section...

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  2. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  3. « Je fus très surpris, en rentrant en France, de la haute idée qu'on s'était formée de la Garde impériale et du peu de cas qu'on faisait des voltigeurs, qu'on ne distinguait guère des compagnies du centre. Cependant les voltigeurs ont combattu mille fois plus que la Garde. Ils étaient toujours en tête et elle en réserve. Il ne se tirait pas un coup de fusil sans eux, et la Garde, qui prenait rarement part aux petits combats, donnait presque aussi rarement dans les batailles. Enfin, les voltigeurs étaient l'élite des corps et une partie de la Garde en était le rebut. Quiconque a vu la chose par ses yeux sait que beaucoup de colonels n'envoyaient à Paris que les hommes dont ils voulaient se défaire, tandis que les capitaines de voltigeurs n'admettaient dans leurs compagnies que des soldats d'un courage éprouvé.
    Aussi aurais-je préféré pour une attaque, commander à trois cents voltigeurs qu'à cinq cents hommes de la Garde. »


    Souvenirs du capitaine Desboeufs, p. 205.

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  4. Un ancien sergent de voltigeurs, actuellement au 9e de ligne, se débarrassait fort adroitement de son cavalier. Il feignit de fuir, le cavalier le chargeait, et quand il le sentait derrière lui près de l’atteindre, il faisait lestement un crochet à gauche, et lâchait son coup de feu dans le dos du cavalier, qui n’avait pas pu s’arrêter assez tôt pour ne pas le dépasser.

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